Dette privée corporate : LBP AM maintient le cap pour 2024 !​​​​​​​

ISR07.02.2024
Photo Isabelle Luy Landes

Responsable de la dette corporate chez LBP AM, Isabelle Luy-Landès livre son analyse sur défis et les opportunités qui façonnent le paysage de la dette privée corporate en ce début d’année. 

Depuis le lancement de notre fonds LBPAM Mid Cap Senior Debt en juin 2022, nous avons déployé onze investissements diversifiés tant en termes de secteurs (industrie, services, santé, ingénierie, et technologie) que de tailles d’entreprise (sur la base de leur Ebitda), pour un montant de près de 100 millions d’euros. Forts de ce succès, nous abordons cette nouvelle année avec un état d’esprit à la fois vigilant et confiant. Explications.

Les inquiétudes sur le contexte macroéconomique sont fondées mais elles ne doivent pas être exagérées

L’environnement de marché reste compliqué, avec un taux d’inflation élevé depuis 2022, résultant du choc énergétique et de la hausse des coûts de la masse salariale. Pour contrer ce phénomène, la BCE a fortement remonté son taux directeur, passé de 0,5 % en 2022 à près de 4 % aujourd’hui.

Concernant ces deux indicateurs clés que sont l’inflation et les taux, nous estimons qu’ils devraient rester à des niveaux élevés sur l’ensemble de l’année. Néanmoins, leur stabilisation attendue apportera de la visibilité et permettra d’évaluer plus aisément les actifs.

Autre source de craintes : les taux de défaut des entreprises augmentent, en raison notamment du ralentissement économique et du resserrement des conditions de crédit. Il convient toutefois de rappeler que ces taux de défaut ont été anormalement bas entre 2020 et le premier semestre 2022, du fait des nombreux mécanismes d’aide mis en place pour soutenir les entreprises pendant la crise sanitaire. Les niveaux de défaillance actuellement observés traduisent donc surtout une normalisation, avec un retour graduel aux niveaux pré-Covid. Par ailleurs, le scénario d’un atterrissage en douceur au niveau économique, qui semble de plus en plus probable, devrait permettre de contenir les niveaux de défaut.

Les opérations de financement ont diminué en 2023 mais un certain nombre de facteurs devraient soutenir l’activité cette année

Les acquisitions d’entreprises par des fonds d’investissement ont au global baissé de 30 % en volume et de 66 % en valeur l’an dernier en France, la part du capital- investissement dans les opérations de M&A étant tombée de 42 % en 2022 à 21 %1. On observe par ailleurs que les délais de transaction se sont significativement allongés et que beaucoup d’opérations n’aboutissent tout simplement pas. Néanmoins, le constat est moins sévère pour le segment des PME/ETI sur lequel nous intervenons, avec une baisse de 9 % en volume et de 40 % en valeur par rapport à une année 2022 qui reste exceptionnelle mais en ligne avec les meilleures années de la période pré-Covid2.

En ce qui concerne les perspectives de transactions, nous nous attendons à une accélération des opérations en 2024. D’un côté, les fonds d’investissement ont beaucoup de « poudre sèche » ; ils subissent également la pression de leurs investisseurs qui souhaitent récupérer des liquidités et les poussent donc à vendre leurs participations qui, pour ce faire, porteront leur choix sur les actifs plutôt premium, les « trophy assets », car davantage liquides dans un contexte de marché challenging. De l’autre, les entreprises ont d’importants besoins de financements pour différentes raisons : accompagnement de leurs transitions, stratégies de build-up à financer ou leurs transmissions générationnelles (plus de la moitié des PME/ETI françaises devraient changer de mains dans les 10 ans à venir pour des raisons démographiques).

En parallèle, les valorisations d’entreprises sont en baisse, principalement en raison des coûts de financement plus élevés. Pour créer de la valeur, les fonds de private equity cherchent donc de plus en plus à accompagner les entreprises également sur le plan opérationnel et plus seulement financier, en partageant avec elles leurs expertises dans des domaines variés : digitalisation, intelligence artificielle, diversification des opérations (géographique, sectorielle, en termes de marchés finaux, notamment à travers des opérations de croissance externe), décarbonation et ESG au sens large.

1.  Données préliminaires de l’Institut Refinitiv 
2.  Argos Index T3 2023

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