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Le rebond du prix du pétrole s’est accéléré ces derniers jours, poussant le Brent bien au-dessus de 90 dollars. La hausse est de près de 25% sur 3 mois. La restriction de la production par l’Arabie Saoudite y participe évidemment, mais aussi la poursuite de la réduction des puits en exploitation aux Etats-Unis. Aussi, les dernières statistiques conjoncturelles en provenance de Chine semblent montrer que l’activité se stabilise, notamment dans l’industrie. Ceci est perçu comme un signe positif pour la demande future, contribuant ainsi à mettre une pression haussière sur le prix.
Nous continuons de penser que la croissance mondiale devrait rester faible, notamment dans le monde développé compte tenu des conditions financières restrictives que nous connaissons. Ceci devrait se traduire par une modération des pressions sur les prix du pétrole.
Evidemment, une plus grande résilience de la croissance, notamment outre Atlantique, pourrait continuer à pousser les prix vers le haut. Toutefois, d’ores et déjà, la montée des prix du pétrole doit être vue comme une nouvelle « taxe » sur la consommation, ce qui devrait avoir un effet négatif sur l’activité.
Les banquiers centraux devraient intégrer cet effet récessif de la hausse du prix du pétrole, tout en s’inquiétant sur la diffusion de celle-ci sur la fixation des prix de vente des entreprises, avec le risque de compliquer davantage la dynamique de désinflation.
Fig.1 Pétrole : La poussée du prix du pétrole se poursuit, avec le baril de Brent dépassant le 94 dollars.
On le sait, les indicateurs d’activité aux Etats-Unis ont été plutôt bien orientés ces derniers mois, notamment ceux liés à la demande avec une consommation des ménages qui reste solide. Du côté de l’offre, on a eu des indicateurs parfois plus mitigés. On le sait, le secteur manufacturier reste un des maillons faibles de l’activité. Les données d’août ont confirmé la faiblesse, même s’il est clair que la situation ne se dégrade plus. En glissement annuel, la production industrielle se contracte toujours de 0,6%.
En même temps, les dynamiques à l’intérieur de l’industrie sont assez erratiques. Le secteur de la technologie reste porteur, mais dans le secteur automobile les évolutions ont été bien plus volatiles. Ceci tient en grande partie aux difficultés de sortir des contraintes créées par la période du Covid. Ainsi, alors qu’en juillet on a connu une forte poussée de la production, en août cette hausse a été en grande partie corrigée à la baisse. En même temps, l’industrie de défense continue de voir la production accélérer.
Les grèves qui ont commencé dans l’industrie automobile, pour des demandes de hausses de salaires, devraient compliquer la situation à très court terme, mais la production devrait toujours être soutenue par une demande qui a été fortement contrainte pendant la période pandémique.
Fig.2 Etats-Unis : La croissance de la production industrielle se tasse en août, notamment à cause de la correction de la production automobile
Afin de tenter de prévoir la tendance de l’activité, on suit les indicateurs d’activité basés sur les enquêtes auprès des entreprises. L’indicateur de la Fed de New York sur l’activité manufacturière, appelé l’Empire State, est ressorti en septembre bien mieux qu’attendu, et montrant un net rebond par rapport au mois précédent. Presque tous les segments ont montré une embellie, notamment les nouvelles commandes.
Fig.3 Etats-Unis : L’indicateur d’activité dans le secteur manufacturier de la Fed de New York, a montré un net rebond en août, même s’il a été très volatil dernièrement
Est-ce que ceci vient confirmer un rebond du secteur manufacturier ? Pour nous, il est possible que la production se porte un peu mieux à très court terme après plusieurs mois où les stocks ont été ajustés à la baisse. Néanmoins, les conditions financières restrictives qui sont en place devraient peser sur la demande et donc sur l’activité en fine. Il nous semble donc difficile de voir un rebond très solide et surtout durable dans ces conditions.
Du côté de la demande, l’enquête préliminaire sur la confiance des ménages de l’Université du Michigan pour le mois de septembre a révélé que l’indice de confiance avait perdu du terrain, notamment à cause de la perception des conditions actuelles. En même temps, même si le niveau de l’indice reste historiquement faible, il est bien au-dessus du niveau qui prévalait il y a un an. Les préoccupations des ménages continuent d’être dominées par le pouvoir d’achat. En particulier, les ménages semblent enclin de réduire leur consommation de biens durables vu le niveau des prix.
Paradoxalement, dans ces conditions, l’enquête révèle que les anticipations d’inflation ont fortement baissé. Ceci est d’autant plus étrange que les prix de l’énergie ont monté de manière assez marquée récemment. Evidemment, cette statistique est assez volatile est ces anticipations pourraient être corrigées d’ici la fin du mois.
Fig.4 Etats-Unis: Les anticipations d’inflation des ménages baissent…et ce malgré la hausse du prix du pétrole
Il n’en reste pas moins que pour la Fed, la baisse des anticipations d’inflation des ménages sera vue comme une bonne chose. Ceci devrait participer à garder les taux directeurs stables ce mercredi. Néanmoins, pour nous, il est difficile d’envisager, à ce stade, que les autorités monétaires vont déclarer, comme la BCE, que le pic des taux est là. La porte devrait rester ouverte à une possible hausse supplémentaire devant la résilience dont fait toujours preuve l’économie.