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Alors que les données économiques ont surpris à la hausse en début d’année, soulignant la résilience des économies, depuis plusieurs semaines elles déçoivent plutôt. En effet, au regard des indicateurs de surprises économique, tels que calculées par Citi group, les statistiques surprennent moins à la hausse. En fait, aux Etats-Unis on ne voit plus de surprises positives marquées, alors qu’en Zone Euro, les statistiques déçoivent plutôt.
Fig. 1 Surprises économiques: Des deux côtés de l’Atlantique, après un début d’année dominé par des bonnes surprises économiques, les statistiques déçoivent
Pour nous cette évolution est cohérente avec notre projection d’une croissance qui devrait rester faible au cours du 2S23, sans non plus s’effondrer de manière massive, à moins d’un accident non anticipé.
Aux Etats-Unis, en avril, les ventes au détail ont donné une perspective mitigée. En effet, la croissance totale des ventes sur le mois a été moins forte qu’attendu : 0,4% contre 0,8% attendu. Un facteur important semble bien avoir été des baisses de prix importantes sur les voitures, ce qui a baissé les ventes exprimées en dollars, alors qu’on sait que les volumes vendus ont été plutôt robustes sur le mois. En revanche, la statistique qui est utilisée pour estimer la progression totale de la consommation de biens (groupe de contrôle, qui exclut notamment les voitures et l’essence) a progressé plus rapidement que prévu, à 0,7% sur le mois, contre 0,4% attendus. Mais là encore, ce chiffre cache des effets prix importants. L’inflation des biens a été forte en avril, 0,6%. Ceci nous laisse donc avec une progression de la consommation de biens (hors véhicules) en termes réels très modérée.
Fig. 2 Etats-Unis : Les ventes au détail (groupe de contrôle) rebondissent, mais les effets prix cachent une progression réelle faible.
Les salaires aux Etats-Unis maintiennent une progression solide en avril, même si en légère diminution par rapport au moins précédent. En effet les statistiques de la Fed d’Atlanta, qui donnent une évolution des salaires avec moins de distorsions que celle issue de l’enquête emploi auprès des entreprises, montrent qu’au cours d’avril les salaires ont progressé de 6,1% en glissement annuel contre 6,4% le mois précédent. Cette évolution est bien sûr la bienvenue, mais la décélération des salaires reste très lente. Ceci semble assez normal compte tenu de la robustesse du marché du travail, avec un taux de chômage à seulement 3,4%.
Fig. 3 Etats-Unis : Selon la statistique de la Fed d’Atlanta, les salaires ont décéléré marginalement en avril.
Ces hausses de salaires sont évidemment un facteur positif pour la consommation, même si beaucoup de catégories de la population ont vu leur pouvoir d’achat rogné par l’inflation. Nous pensons, que la décélération des salaires devrait s’opérer avec lenteur et elle accompagnera une détérioration du marché de l’emploi. Néanmoins, ceci devrait être plus visible, d’après nous, au 2S23.
Ce qui est certain est que l’évolution actuelle des salaires reste peu compatible avec une inflation qui convergerait rapidement vers 2%.
On le sait, l’activité dans l’industrie reste faible au niveau mondial. Les PMIs manufacturiers dans beaucoup de pays sont en territoire de contraction. Aux Etats-Unis, les Fed régionales publient de manière séparée des mesures pour évaluer l’état de l’industrie. La publication de l’enquête de la Fed de New York a donné une vue très négative de la situation du secteur manufacturier dans la région. Ainsi, l’indice (connu sous le nom d’Empire state) est ressorti en très forte baisse pour le mois de mai.
Néanmoins, même si cette statistique a toujours été plus volatile que l’indice ISM qui décrit l’état de l’industrie sur l’ensemble du pays, la volatilité de cet indice depuis la sortie du Covid a été particulièrement élevée.
Il faut tout de même noter cette faiblesse qui montre bien que le secteur industriel continue de souffrir.
Fig. 4 Etats-Unis : L‘enquête de la Fed de New York sur l’état de la production manufacturière ressort très négativement en mai
Il faut tout de même souligner qu’en dépit des chiffres négatifs provenant des enquêtes auprès des entreprises industrielles, les chiffres de production manufacturière pour avril, publiés par la Fed, ont donné une lecture plus optimiste de la situation actuelle. En effet, la production manufacturière a assez fortement rebondi en avril (1% sur le mois). On sait que notamment la production automobile est toujours en rattrapage. Toutefois, la production est toujours en dessous de son niveau d’il y a un an. On pense que ce rebond ne devrait pas se poursuivre, compte tenu des messages des indicateurs avancés.
En Chine, les derniers chiffres sur l’activité ont déçu sur le dynamisme de la reprise. Certes, comme attendu, les ventes au détail pour le mois d’avril ont montré que la consommation continuait à se reprendre dans la lignée de l’ouverture de l’économie. Néanmoins, les chiffres ont quelque peu déçu. En effet, compte tenu du chemin à combler après la forte chute de la consommation il y a 1 an dû aux confinements, la progression de 18,4% en glissement annuel (en nominal) a été bien en deçà des attentes (+21,9% attendu).
De même, l’investissement a du mal à décoller, avec une progression de 4,7% en glissement annuel. Ceci reflète bien la dichotomie entre l’activité industrielle et la consommation. Cette dernière restera le moteur de la reprise en 2023.
Fig. 5 Chine : La reprise est bien là mais son dynamisme s’appuie essentiellement sur la consommation
La bonne nouvelle dans le rebond de l’économie chinoise, est de voir que le secteur immobilier se stabilise. Les ventes de logement progressent et les prix aussi. Néanmoins, du côté de la construction le retour de l’activité reste très lent. Ceci restera un handicap de la reprise pour encore un certain temps.
Toujours en Asie, la croissance du PIB Japonais a surpris favorablement au 1T23. Ainsi le PIB a progressé du double de ce qui était anticipé à 0,4% sur le trimestre. La croissance a été tirée par la consommation, même si l’investissement s’est aussi bien tenu.
Fig. 6 Japon : La croissance garde une dynamique positive, tirée par la consommation
Nous sommes devenus plus constructifs sur les actions japonaises. Le pays bénéficie toujours d’une politique monétaire accommodante et évidemment du rebond chinois.
Toutefois, la bonne surprise du PB au 1T23 ne nous semble pas cacher un sursaut durable et fort de la croissance. En particulier, malgré les hausses des salaires historiquement fortes qu’on constate, celles-ci restent en deçà de l’inflation. Ainsi, on pense que la consommation pourrait perdre un peu du dynamisme affiché au 1T23.