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Les mauvais résultats de FRB, avec notamment la perte de 100 milliards de dollars de dépôts au cours du mois passé, sont venus de nouveau alimenter les craintes sur le système bancaire. La nervosité des investisseurs est d’autant plus grande que les responsables de la banque ont refusé de répondre aux questions des analystes après la présentation des résultats. Ainsi, le marché reste dans le flou quant à l’avenir de la banque, notamment concernant la possibilité de trouver des acquéreurs ou à consolider l’activité de la banque.
Le marché a évidemment mal réagi en sanctionnant davantage le cours de bourse de la FRB, mais ceci s’est aussi diffusé sur l’ensemble du segment des banques régionales.
Fig. 1 Etats-Unis: Les difficultés de FRB contaminent tout le secteur des banques régionales…et sapent le sentiment de marché.
Il est certain que les autorités chercheront de nouveau à limiter tout risque de contagion afin de maintenir la confiance du secteur bancaire. Le FDIC, l’institution chargée de l’assurance des dépôts, mais aussi du démantèlement ordonnée des banques en faillite, est sûrement déjà en action afin d’évaluer la viabilité de la banque.
On verra aussi quelle sera l’implication des grandes banques, dont JPM Morgan, qui avaient apporté au début des difficultés de la banque 30 milliards de dollars de dépôts.
A ce stade, il nous semble que les autorités ont tous les moyens pour agir et rétablir assez vite la confiance en traitant le cas spécifique de FRB.
En même temps, la Fed devrait maintenir ses robinets de liquidités offertes au secteur bancaire, notamment aux banques régionales, bien ouverts. On le sait, ceci est crucial pour que des problèmes de liquidité ne se transforment pas en des risques de solvabilité.
La difficulté, qui n’est pas opérationnelle, est de faire comprendre que ses interventions visent à maintenir la stabilité financière, mais qu’elles n’affectent pas la stratégie de la politique monétaire dans la lutte contre l’inflation. En effet, le marché a déjà été bien rapide à conclure que la Fed est prête à alléger le resserrement monétaire devant toute difficulté du secteur financier. Ceci ne sera pas le cas, si, comme nous le pensons, cet épisode n’entraîne pas des conséquences systémiques qui viendraient détériorer de manière aigüe les conditions économiques.
Néanmoins, comme nous le suggérions, ce nouvel épisode, souligne encore une fois que le plus probable est que la restriction du crédit, déjà en cours, pourrait s’accentuer. Ceci pourrait ainsi venir accélérer la transmission du resserrement monétaire à l’économie réelle.
Du côté de l’activité économique, nous continuons à voir des signes de résilience de la croissance. Aux Etats-Unis, on a vu en particulier comme les activités des services résistent et même semblent gagner en vigueur. La baisse des prix de l’énergie est sûrement un facteur qui a joué et joue dans cette dynamique plus porteuse. En Zone Euro, les soutiens publiques en sont aussi une explication.
De ce fait, on a vu l’enquête de l’IFO sur le climat des affaires continuer à se redresser en avril. En particulier, l’indicateur sur les perspectives continue à remonter la pente.
Fig. 2 Zone Euro: Le climat des affaires en Allemagne s’améliore, même s’il reste à un niveau faible.
Toutefois, l’indice de l’IFO reste à un niveau faible, ce qui à notre avis reste compatible avec notre scénario d’une croissance faible dans la Zone Euro dans son ensemble, mais évitant une récession.
Aussi, le revers de la médaille de cette résilience de l’activité risque de maintenir les pressions inflationnistes et compliquer l’action de la BCE.
Nous continuons de penser que la BCE est proche de la fin de son resserrement. Nous attendons encore 2 hausses de taux de 25 points de base. Néanmoins, le risque pour la BCE est de devoir aller encore plus haut que ce qui est anticipé si l’activité économique ne décélère pas afin d’atténuer les pressions inflationnistes. Un resserrement plus brutal encore de la BCE viendrait à terme détériorer les perspectives de croissance.
Aux Etats-Unis, le consommateur reste un pilier de la résilience de l’activité. En effet, on le sait, les chiffres dont nous disposons montraient qu’au premier trimestre, notamment grâce au mois de janvier, la croissance de la consommation a été forte. Ainsi, les chiffres de croissance du PIB qui seront publiés demain, devraient montrer une accélération de la consommation autour de 4% au 1T23 en rythme annualisé, contre 1% le trimestre précédent. En partie, cette accélération a été due à des transferts publics importants en début d’année, qui ont augmenté les revenus et aussi au pouvoir d’achat donné par la baisse des prix de l’énergie, sans oublier la force du marché du travail.
Toutefois la confiance des consommateurs ne reflète pas vraiment ce qui semblerait une conjoncture très porteuse. En effet, la dernière enquête du Conference board sur la confiance des ménages pour le mois d’avril montre une légère baisse de l’indice, essentiellement du fait d’une confiance en recul vis-à-vis des perspectives.
Fig. 3 Etats-Unis: Malgré la résilience de la consommation, la confiance reste relativement fragile, notamment concernant les perspectives
On le sait, la relation entre confiance et consommation est loin d’être parfaite. Néanmoins, il est intéressant de constater que les ménages continuent à considérer que les perspectives continuent à être médiocres. En partie, ceci semble toujours être lié au niveau élevé d’inflation. Ce sentiment négatif pourrait l’emporter sur l’attitude de consommation des ménages dans les mois à venir si, comme nous le prévoyons, le marché de l’emploi commence à se détériorer. Pour l’instant, seuls quelques indices pointent vers un affaiblissement du marché du travail, dont notamment la hausse continue depuis quelque temps des indemnisations chômage.
Pour l’instant, comme le confirme le sentiment positif sur l’état actuel de l’économie, les ménages portent un regard encore très positif sur l’état du marché du travail. Ainsi, les l’indicateurs sur l’accès au marché du travail restent à un niveau très élevé.
Fig. 4 Etats-Unis : Les ménages américains bénéficient toujours d’un marché du travail porteur
Les mois qui viennent nous dirons si cette solidité persiste ou pas. Nous continuons de penser qu’on devrait voir un fléchissement dans cette dynamique.