Lettre Stratégie & Investissement |​​​​​​​ Le scénario de la Gestion à trois mois : des politiques
monétaires toujours plus restrictives

Stratégie & Investissement10.07.2023
Investissement durable


Nos convictions sur l’environnement économique global à
un horizon de trois mois


Après un début d’année marqué par une croissance globale plus résiliente et des pressions inflationnistes plus persistantes qu’attendu, les dernières données font état d’une situation plus mitigée à l’approche de l’été, surtout en dehors des Etats-Unis. Bien que l’inflation et la conjoncture mondiale commencent à ralentir, les banques centrales demeurent sur le qui-vive. Ces développements vont dans le sens de notre scénario pour la seconde partie de l’année. Nous anticipons un affaiblissement de la croissance, notamment aux Etats-Unis, en raison de l’impact retardé du resserrement monétaire et des banques centrales qui maintiendraient leurs taux stables en territoire restrictif après l’été. Cela devrait permettre un lent reflux des pressions inflationnistes qui resteraient toutefois bien au-dessus de la cible des banques centrales pendant un certain temps.


La surprise en juin a été le discours toujours très restrictif des banquescentrales, indiquant qu’elles n’en ont pas tout à fait fini avec les hausses de taux directeurs. En juin, la Fed a fait une pause dans ses hausses de taux pour la première fois depuis plus d’un an, mais la majorité de ses membres anticipent deux hausses de taux supplémentaires d’ici la fin de l’année. La BCE a continué de remonter ses taux de 25pb en juin (à 3,5%) tout en maintenant le message qu’elle n’en avait pas fini. Enfin, la Banque d’Angleterre a augmenté ses taux de 50pb alors qu’elle avait suggéré une pause le mois précédent. Nous anticipons que la Fed et la BCE vont encore augmenter leur taux de 25pb en juillet, les portant à respectivement 5,3% et 3,75% avant de les maintenir à ces plus hauts depuis 15 ans jusque courant 2024. Et le risque sur ces prévisions reste orienté à la hausse.

Pourtant, la conjoncture mondiale semble ralentir à l’approche de l’été, en particulier en dehors des Etats-Unis. Les indicateurs coïncidents d’activité pour la Zone Euro ont nettement baissé en juin en raison de la normalisation de l’activité dans les services, dont le rebond compensait jusque-là la contraction de l’industrie. En Chine, le surcroit d’activité permis par la fin de la politique « Zéro-Covid » a nettement perdu en intensité aux mois de mai et juin car le secteur immobilier se contracte de nouveau, la demande extérieure faiblit et la demande domestique privée reste contrainte par la faiblesse de la confiance. Enfin, aux Etats-Unis, le marché de l’emploi et les indicateurs d’activité dans les services ralentissent de façon plus limitée, suggérant que la croissance reste proche de son potentiel pour l’instant.

Même si les dernières données confirment que le pic d’inflation est derrière nous, les pressions inflationnistes dans les services et sur les salaires ne baissent toujours pas nettement. Or il faut qu’elles baissent graduellement pour permettre un retour durable vers les 2% d’inflation à moyen terme. L’inflation en Zone Euro et aux Etats-Unis a déjà fortement ralenti, mais uniquement grâce à la baisse des prix de l’énergie jusqu’au T2. Depuis avril, le ralentissement de l’inflation s’étend à l’alimentation et aux biens ainsi qu’aux prix du logement aux Etats-Unis. Toutefois, l’inflation dans les services hors immobilier, celle qui est la plus persistante, s’est à peine stabilisée et reste plus de trois points au-dessus de son niveau pré-Covid des deux côtés de l’Atlantique. Sans détente des marchés de l’emploi et sans ralentissement des salaires, il est peu probable que ces tensions inflationnistes disparaissent d’elles-mêmes. Or les taux de chômage sont à des plus bas historiques en Europe et les salaires ne ralentissent toujours pas franchement aux Etats-Unis (à plus de 5%) et accélèrent même encore en Zone Euro (au-delà de 4%). C’est pour cette raison que nous ne voyons pas l’inflation revenir durablement à la cible fixée par les banques centrales avant deux ans et que celles-ci continuent, à raison, de craindre la persistance de l’inflation.


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