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Fig. 1 Etats-Unis : la croissance du PIB ralentit à cause des stocks, mais la demande domestique reste solide.
La croissance du PIB américain a ralenti de façon inattendue au T1, à 1,1% après 2,6% (en rythme trimestriel annualisé). Mais ce ralentissement vient de la contribution des stocks, une composante très volatile, qui retire 2,3pt à la croissance du T1 après avoir ajouté 1,5pt à la croissance du T4. Cela vient du fait que le niveau des stocks s’est stabilisé après une hausse ininterrompue depuis fin 2021.
En fait, la demande américaine reste très (trop ?) solide. Si l’on exclut les éléments volatiles que sont les stocks et le commerce extérieur (qui est neutre au T1), la demande domestique finale accélère en réalité de 0,7 fin 2022 à 3,2% au T1, et plus haut depuis mi-2021. Cela reflète la solidité de la consommation et la moindre baisse de l’activité immobilière.
Fig. 2 Etats-Unis : la consommation des ménages a été forte au T1 avec la première hausse de la demande de biens depuis plus d’un an.
La consommation des ménages a accéléré à 3,7% au T1, ce qui était attendu après le rebond de la consommation en janvier alors qu’elle avait baissé fin 2022. Cela dit, la consommation ralentit au cours du trimestre, ce qui suggère que la force de la consommation début 2023 est probablement exagérée par les problèmes d’offres dans l’automobile et la météo clémente du début d’année.
La demande de services continue de se reprendre graduellement (+2,3%), tout en restant encore sous tendance pré-Covid. Mais la demande de biens, qui avait baissé continuellement au cours de 2022, a rebondit au T1 et reste au-dessus de sa tendance pré-Crise. Ce rebond a été bien aidé par la forte hausse des ventes de voitures en janvier (+15%), qui est difficilement répétable. Mais la demande des autres biens s’est stabilisée début 2023, probablement grâce à la résilience des revenus des ménages les moins aisés.
Fig. 3 Etats-Unis : l’investissement est mal orienté avec la poursuite de la baisse de l’investissement immobilier et la stagnation de l’investissement des entreprises
Contrairement à la consommation, les dépenses d’investissement restent faibles (-0.4% au T1), ce qui n’est pas surprenant vu qu’elles sont plus sensibles à la hausse des taux depuis 1 an.
L’investissement résidentiel continue de baisser, mais bien moins fortement qu’en 2022 (-1.1% sur le trimestre après -20% en 2022). Les dernières données suggèrent même que l’immobilier commence à se stabiliser en 2023 maintenant que les taux hypothécaires n’augmentent plus nettement et que l’activité est déjà très basse. Mais du côté des entreprises, les perspectives d’investissement se dégradent. Ainsi, l’investissement en équipement baisse pour le second trimestre consécutif (-7,3% après -3,5%) et revient à son niveau pré-Covid, ce qui n’est pas un bon signe d’un point de vue cyclique.
Fig. 4 Etats-Unis : L’inflation sous-jacente ne ralentit plus depuis fin 2022 et reste très élevée, au-dessus de 4,5%
Côté prix, les chiffres de PIB au T1 sont décevants, car les prix à la consommation restent très/trop élevés. Le déflateur des prix à la consommation hors énergie et alimentation (Core PCE), l’indice de prix le plus suivi par la Fed, ralentit moins qu’attendu. Il ne ralentit quasiment pas sur un an, passant de 4,8% au T4 à 4,7% au T1. Il réaccélère même en rythme séquentiel au T1 en atteignant 4,9%.
On est loin de la convergence vers la cible de 2% de la Fed. Dans un contexte où la demande reste solide et les pressions inflationnistes ne baissent pas, il est quasi-certain que la Fed remonte encore ses taux la semaine prochaine et qu’elle conserve à discours dur quant aux perspectives de politique monétaire.