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Le marché du travail américain ne montre toujours pas de signes de véritable fléchissement. Le nombre de créations d’emplois a été de 187 mille sur le mois, mais il aurait pu être bien plus important sans la faillite d’une grande entreprise dans le secteur du transport et les grèves dans l’industrie cinématographique. Les créations d’emplois ont en particulier continué dans la grande majorité des services, avec toujours une dynamique favorable dans la santé et dans la restauration.
En dépit de ces fortes créations d’emplois, le taux de chômage a augmenté de 0,3 point, passant à 3,8%. La raison de cette hausse tient à l’arrivée massive de nouveaux entrants sur le marché du travail selon l’enquête auprès des ménages. Ainsi, l’enquête révèle que l’emploi a crû de 222 mille personnes supplémentaires, alors que la population active a augmenté de 736 mille !
Fig.1 Etats-Unis : Le taux de chômage qui est monté à 3,8% en août est essentiellement dû à une arrivée massive de nouveaux entrants.
Ceci ne fait que montrer la robustesse du marché. Au total, le taux de participation est remonté à 62,8%, soit le plus haut depuis la reprise post covid, mais reste toujours en dessous du taux pré-covid de 0,4 points. Alors que le taux de participation des 25-55 ans a retrouvé son niveau pré-covid, chez les seniors (55+), on en est encore loin, même si au mois d’août on a pu voir une très forte hausse de la participation de ce segment de la population.
Fig.2 Etats-Unis : Le taux de participation continue d’augmenter. Alors que pour les 25-54 ans, on a retrouvé le niveau pré-covid, pour les plus de 55 ans, on reste très bas
Ainsi, que ce soit l’enquête auprès des ménages ou auprès des entreprises, le message est le même, le mois d’août a été très fort en termes de créations d’emplois.
Fig.3 Etats-Unis : Les enquêtes auprès des ménages et des entreprises donnent le même message sur la robustesse des créations d’emplois
Evidemment, la question est de savoir si ces fortes créations d’emplois viennent mettre une pression supplémentaire sur les salaires. L’enquête révèle que les hausses des salaires se sont atténuées par rapport au mois dernier, avec le salaire horaire ne progressant que de 0,2% sur le mois, contre 0,4% en juillet. La progression en glissement annuel ralentit à 4,3%, ce qui reste bien trop élevé pour ramener l’inflation à 2%.
Quoiqu’il en soit, il faudra attendre d’autres statistiques sur les salaires, avec moins de distorsions sur leur composition, afin d’avoir une vue plus claire de la tendance.
Fig.4 Etats-Unis : La progression du salaire horaire moyen ralenti en août, en dépit de la robustesse du marché du travail
Il est certain que pour la Fed, ces chiffres confirment que le marché du travail est loin de s’être ajusté. Néanmoins, le fait que les salaires ralentissent devrait pousser certains à soutenir l’espoir que l’ajustement du marché du travail pourrait se faire sans trop de casse. Il n’empêche que ces chiffres devraient inciter la Fed à rester vigilante. Ainsi, tout en maintenant une pause en septembre, la banque centrale devrait maintenir un ton dur, conservant l’hypothèse du besoin de hausses supplémentaires des taux directeurs.
Les chiffres des PMI pour le secteur manufacturier pour le mois d’août ont confirmé le mauvais état du secteur au niveau mondial. Néanmoins, le léger rebond de la Chine et une dynamique un peu moins dégradé que le mois précédent permettent à l’indice global de remonter un peu, même s’il reste en territoire de contraction
Fig.5 PMI manufacturier : L’indice global reste en territoire de contraction, mais le mois d’août montre un léger mieux, notamment grâce à la Chine.
Confirmant les chiffres préliminaires, le PMI manufacturier de la zone Euro, même s’il s’améliore un peu, reste en territoire de forte contraction. Alors que l’industrie en France et l’Allemagne reste dans une dynamique médiocre, les pays de la périphérie voient aussi la situation se dégrader, notamment en Espagne. Cette détérioration de l’activité est sûrement un facteur que la BCE va prendre en compte lors de sa prise de décision ce mois-ci, même si les mauvais chiffres d’inflation en août promettent un débat tendu au sein du conseil des gouverneurs. Nous tablons toujours sur une pause. Les chiffres de l’activité dans les services qui seront publiés cette semaine devraient avoir un poids encore plus important.
Aux Etats-Unis, l’ISM manufacturier a un peu rebondi, tiré notamment par la production, alors que les nouvelles commandes se tassaient. La seule bonne nouvelle est que le rapport entre nouvelles commandes et stocks, souvent un bon indicateur de la dynamique à court terme du secteur, s’est de nouveau amélioré, ce qui pourrait faire espérer à une poursuite d’une légère amélioration des chiffres de production. Néanmoins, il est difficile de voir un retour rapide vers la croissance dans un contexte aussi adverse en termes de conditions de financement. Les chiffres de l’ISM services qui seront publiés ce mercredi seront déterminants pour connaître l’état de l’économie à la sortie de l’été, surtout après les PMI services préliminaires de S&P qui montraient une nette dégradation.