Le consommateur américain résiste

Décryptages marchés02.09.2025
Le consommateur américain est à l’arrêt, ce qui n’est jamais bon signe

Que retenir de l'actualité de marché du 2 septembre   2025 ?  Réponses avec le décryptage de Sebastian Paris Horvitz.


Vue d'ensemble

 Il est difficile de savoir quel sera le sort des hausses tarifaires généralisées imposées par le président Trump à près de la totalité des partenaires des Etats-Unis. En effet, la cour d’appel fédérale a déterminé que ces hausses étaient illégales. Le président aurait outrepassé son pouvoir. Néanmoins, la cour a déterminé que les tarifs actuels resteraient en place jusqu’au 14 octobre. Le plus probable est que le président Trump va demander à la cour suprême de se prononcer. Ceci créé beaucoup d’incertitude, mais la conviction générale sur le marché est que les tarifs resteront.   

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 En même temps, on continue à voir que l’impact des mesures protectionnistes se voit de manière modérée sur la situation économique des Etats-Unis. En particulier, les ménages continuent de faire preuve de résistance, avec un rebond de la consommation en juillet. Ceci, malgré une confiance de ménages qui reste faible, notamment avec des craintes sur l’inflation.

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Malgré ces craintes, même si l’inflation retrouve un chemin haussier ce mouvement est encore très modéré. En effet, comme attendu le déflateur de la consommation (PCE), est resté stable à 2,6% en glissement annuel en août, mais l’indicateur cœur a accéléré à 2,9%. En revanche, on voit que l’inflation dans les services repart aussi à la hausse, un élément d’inquiétude pour la Fed.

► En Zone Euro les enquêtes finales PMI de S&P pour août pour l’industrie ont été assez favorables. Avec un PMI total pour la Zone un peu plus fort que l’enquête préliminaire, en territoire d’expansion, à 50,7. L’Espagne, en particulier, surprend à la hausse et maintien son leadership dans la croissance de la zone.


► Soutenant l’idée d’une poursuite de la reprise économique dans la zone, même si à une vitesse lente, le marché du travail reste solide, avec un taux de chômage à un niveau historiquement bas (6,2% en juillet). En outre, du côté de l’inflation on voit que la modération se poursuit. Ceci devrait se confirmer dans l’inflation cœur de la zone qui sera publiée aujourd’hui. Néanmoins, la confiance des ménages reste faible ce qui semble peser sur la consommation. Il est possible que le contexte politique participe à l’anxiété.


► En Chine les enquêtes PMI officielles pour le mois d’août sont ressorties un peu mieux que prévues, même si elles suggèrent toujours une croissance économique plutôt faible. L’industrie semble tenir et ne pas montrer d’impact notable pour l’instant des mesures protectionnistes américaines. Toutefois, nous attendons toujours plus de mesures de relance de la part du gouvernement dans les mois à venir.



Pour aller plus loin

Le consommateur américain semble tenir

La consommation rebondit en juillet

La consommation rebondit en juillet

Le consommateur américain reste la pierre angulaire de l’expansion américaine. Néanmoins, depuis le début d’année l’appétit de consommation a fléchit assez nettement avec en particulier la plus faible croissance trimestrielle depuis près 5 ans lors d’un premier trimestre de cette année, à 0,5% en rythme annualisé.  

Au cours du 2ème trimestre on a assisté à un rebond, notamment s’appuyant sur la consommation de biens. Ce rebond semble se poursuivre en juillet, avec une nette hausse des dépenses des ménages, exhibant une croissance de 0,3% sur le mois en termes réels. 

Ce rebond de la consommation s’appuie en partie sur une forte hausse des revenus en juillet, reflétant un marché du travail qui reste relativement solide, malgré la décélération assez nette des créations d’emplois ces derniers mois. De fait, le taux d’épargne s’est stabilisé à 4,4%, même s’il reste faible. 

Il faut souligner tout de même que les données restent très perturbées par les mesures prises par l’administration en matière tarifaire. En effet, par exemple, sur le mois, les achats de voitures a nettement rebondi, sûrement anticipant les craintes des ménages de voir les prix monter fortement dans les mois à venir.   

Il faudra sûrement attendre encore quelques mois pour voir une normalisation de la situation tarifaire et voir le réel impact des hausses des coûts sur le comportement des ménages.

La confiance des consommateurs reste faible

La confiance des consommateurs reste faible


 Ce qui est certain, et ceci peut sembler paradoxale, est que la confiance des ménages reste à des niveaux faibles, comme le révèle l’enquête finale de l’U. du Michigan pour le mois d’août.

Les anticipations d’inflation ont baissé mais restent très élevées

Les anticipations d’inflation ont baissé mais restent très élevées


En partie, la faiblesse de la confiance est affectée par des craintes persistantes sur un nouvel emballement de l’inflation. En effet, les anticipations d’inflation à court et long terme, même si elles ont reculé depuis les plus hauts, restent à des niveaux extrêmement élevés. 
Soulignons que l’enquête de l’U. Michigan, décompose les anticipations selon les affinités politiques des personnes interrogées. De ceci il en ressort toujours que ceux se disant Démocrates voient l’inflation accélérer très fortement, alors que ceux avec une sensibilité Républicaine la voit rester très modérée. Ce clivage est historiquement élevé. Mais, au total, ces craintes sur l’inflation restent élevées.


L’inflation reprend une tendance haussière

L’inflation reprend une tendance haussière


Comme on le constate depuis les annonces des hausses historiques des tarifs douaniers, l’impact de ceux-ci sur l’inflation a été relativement faible. Néanmoins, dans certains segments de produits ils commencent à se voir. 
Toutefois, ces effets ont été encore globalement faibles dans les chiffres de juillet avec un déflateur des prix à la consommation (PCE), la mesure préférée de la Fed pour l’inflation, qui, comme attendu, est resté stable en glissement annuel, à 2,6%. L’inflation cœur de son côté a accéléré à 2,9%. 
Comme nous l’avons déjà indiqué à maintes reprises, il est très probable que la diffusion des tarifs aux prix à la consommation soit lente. Ceci, en particulier, s’explique par les négociations chaotiques des derniers mois. 
Mais, pour nous, il ne fait aucun doute que ces hausses tarifaires vont se voir dans les prix dans les mois à venir et sûrement, dans certains secteurs, dans les marges des entreprises.


L’inflation ne décélère plus et prend une tendance haussière

L’inflation ne décélère plus et prend une tendance haussière


Même si les chiffres d’inflation n’ont pas réagi rapidement jusqu’ici, la tendance à la désinflation s’est bien arrêtée et la tendance est maintenant à la hausse. 
De fait les indicateurs de tendance, que ce soit l’indice PCE ajusté des variations extrêmes (à la hausse ou à la baisse), tout comme la décomposition de l’indice entre les prix sensibles aux cycle économique et ceux sensibles à des mouvements sectoriels spécifiques, montrent que la tendance semble être bien être répartie à la hausse.  
Cette hausse devrait toucher en premier lieu les prix des biens affectés par les hausses tarifaires. Mais, un des enseignements troublants de l’évolution du PCE en juillet est que les prix des services sont aussi répartis à la hausse. Ceci devrait être un facteur d’inquiétude pour la Fed. 
On verra quel enseignement nous apporte la publication du CPI la semaine prochaine. 
Pour l’instant la Fed semble s’orienter vers une baisse des taux en septembre, soulignant davantage le risque sur l’emploi que sur l’inflation pour assouplir sa politique. Néanmoins, dans les mois à venir nous continuons à penser que la Fed restera confrontée à un environnement stagflationniste qui compliquera les décisions de politique monétaire.
 

Zone-Euro : l’industrie se reprend et l’emploi tient 

L’activité dans l’industrie continue à se reprendre en août 

L’activité dans l’industrie continue à se reprendre en août
Les enquête PMI de S&P finale pour l’industrie en Zone Euro a donné plutôt une bonne nouvelle. En effet, l’indice totale a été légèrement revu à la hausse, toujours en territoire d’expansion à 50,7. 

Aussi, l’indicateur final, nous donne le détail par pays et montre que les pays du Sud restent en général plus dynamiques. En particulier, parmi les grands pays de la Zone, l’Espagne continue à connaitre une situation conjoncturelle relativement favorable. 

Nous pensons que cette reprise de l’industrie devrait se poursuivre mais à un rythme encore lent, pour accélérer plus nettement vers la fin d’année. Ceci viendra des premiers effets des politiques de relance, notamment allemande, dans un contexte de politique monétaire plus accommodante.

Zone-Euro : un marché de l’emploi solide mais une confiance morose

Zone-Euro : un marché de l’emploi solide mais une confiance morose


En même temps, avec un marché de l’emploi qui résiste, on peut s’attendre à ce que la consommation se reprenne. 
Pour l’instant, il est vrai que malgré des conditions favorables sur le marché du travail et une inflation en décélération, la consommation reste en retrait dans la reprise de la zone. 
En partie, on peut attribuer cette faiblesse de la consommation à une confiance qui reste faible. L’anxiété apportée par la guerre commerciale, les hausses de dépenses de défense puis, surtout, des situations politiques plutôt instables dans certains grands pays, sont surement des facteurs qui ne sont pas forcément porteurs. 
Il sera important de voir dans les mois à venir si ces inquiétudes se dissipent afin de consolider la reprise européenne avec une consommation plus dynamique.


Chine : l’activité tient mais reste modérée

L’activité résiste mollement

L’activité résiste mollement
Les enquêtes PMI officielles en Chine ont été légèrement plus favorables que prévu, avec un indicateur composite (services et industrie) un peu plus fort que prévu.  Néanmoins, en se situant juste au-dessus de la ligne séparant contraction et expansion, on voit que l’activité reste relativement faible dans le pays. 
Toutefois, les autorités peuvent voir dans ces chiffres une nouvelle rassurante avec une industrie qui ne s’effondre pas, malgré l’énorme choc tarifaire imposé par les Etats-Unis. De fait, l’enquête PMI de S&P pour août remonte en territoire d’expansion. 
Néanmoins, il est probable que le tarifaire va venir fragiliser dans les mois à venir la machine exportatrice chinoise qui a été un de grands moteurs de l’expansion récente, avec une demande intérieure privée toujours fragilisée par les ajustements en cours, notamment celui du secteur immobilier. 
En ce sens, nous attendons plus d’efforts de relance pour soutenir l’économie intérieure afin de préserver la croissance et mieux absorber le choc américain. 



PARIS HORVITZ

Sebastian PARIS HORVITZ

Directeur de la recherche

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