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Le consommateur américain a encore surpris en septembre. En effet, les statistiques sur les ventes de détail sont ressorties bien supérieures à ce qui était attendu, avec une hausse de 0,7% en termes nominaux. Pour le groupe de contrôle, c’est-à-dire les catégories qui permettent d’estimer l’évolution de la consommation des biens dans le PIB, la progression a été tout aussi robuste à 0,6%. En termes réels, vu que les prix des biens hors énergie et aliments ont baissé en septembre, la progression est de 1% !
La consommation continue donc de porter la croissance, même si sur le 2T23 celle-ci était modérée.
Fig.1 Etats-Unis : Les ventes au détail en septembre ont été bien plus fortes que prévu, montrant que le consommateur continue de porter la croissance
Cette accélération de la consommation devrait encore se traduire par une baisse du taux d’épargne des ménages et, d’après nous, continue de montrer que l’économie américaine reste en surchauffe. En outre, ceci montre que le très fort soutien de la dépense publique à la croissance en 2023, estimée à près de 2 points de PIB, a bien contribué à entretenir cette dynamique.
En partie, cette force de la consommation a aussi été un soutien de la production, comme l’a montré l’évolution de la production industrielle sur le mois, qui a progressé plus qu’attendu, à 0,3%. Ceci est cohérent avec l’amélioration graduelle de l’ISM manufacturier sur les derniers mois.
Toutefois, certains secteurs continuent d’avoir une progression très forte, stimulés par la dépense publique et des changements technologiques. C’est ainsi le cas du secteur de la défense et de celui des semi-conducteurs qui maintiennent une croissance de 9% en glissement annuel. Il est probable que la grève dans le secteur automobile viendra dégrader la croissance du secteur en octobre, qui continuait son rattrapage.
Pour la Fed, ces données ne peuvent pas la rassurer sur la dynamique de désinflation. Ainsi, voir la consommation aussi robuste n’est pas de bon augure pour voir les pressions inflationnistes se dissiper aussi vite qu’elle le voudrait.
Nous conservons notre vue sur le fait que le message de prudence des autorités monétaires restera de mise et que les taux directeurs resteront inchangés lors de la réunion de fin octobre. Mais, ces chiffres d’activité très robustes, qui devraient se traduire par une croissance du PIB au 3T23 bien plus forte que ce que nous prévoyions, peut-être supérieure à 4% en rythme annuel, devraient pousser la Fed à maintenir un biais restrictif et continuer d’agiter le risque d’une hausse supplémentaire des taux directeurs.
Evidemment, certains segments de l’économie américaine semblent tout de même souffrir de la hausse des taux d’intérêt. C’est notamment le cas du secteur immobilier, du moins à en croire l’enquête auprès des constructeurs de maisons (NHAB), qui a de nouveau reculé fortement. En général, cet indicateur est assez corrélé avec les mises en chantier et les demandes de permis de construire. On verra aujourd’hui si les chiffres dans ces domaines confirment le message négatif de cet indicateur. Néanmoins, on peut penser que des taux hypothécaires qui s’approchent des 8%, pour des prêts à 30 ans, ne peuvent que faire fléchir la demande.
Fig.3 Etats-Unis : L’indicateur de confiance auprès de constructeurs de maisons plonge de nouveau… à voir si les mises en chantier et les permis de construire suivent
En Chine, la croissance du PIB du 3T23 a été meilleure que prévue. En effet, le PIB a progressé de 4,9% en glissement annuel et de 1,3% sur le trimestre, contre 4,5% et 0,9% respectivement attendus par le consensus des économistes. Ceci semble confirmer ce qu’indiquaient les dernières données d’une stabilisation de l’économie chinoise.
Cette dynamique de l’activité devrait, comme nous le pensons, permettre aux autorités de bien atteindre l’objectif de 5% de croissance pour 2023.
Fig.4 La croissance du PIB est ressortie plus forte qu’attendue au 3T23, avec une croissance trimestrielle de 1,3%
Néanmoins, il serait très prématuré de dire que l’économie chinoise est dans une phase de reprise très solide. En effet, le secteur immobilier, jadis représentant près du quart de l’économie chinoise, est toujours en phase d’ajustement. L’activité dans le secteur a continué de reculer en glissement annuel en septembre.
Par ailleurs, alors que la production industrielle semble surtout portée par la dépense publique, quand on se penche sur la consommation, on ne peut pas être complétement rassurés. Même si les ventes au détail ont été plus fortes qu’attendues en glissement annuel et en accélération par rapport au mois précédent, à 5,5%, la dynamique mensuelle est au ralentissement. Ceci est cohérent avec une confiance qui a été sérieusement entamée. En même temps, plus encourageant, on a vu le taux de chômage baisser sur le mois de septembre à 5%, de 5,2% en août.
Fig.5 Chine : En septembre, les ventes au détail ont accéléré en glissement annuel, mais c’est en partie dû à des effets de base, car mensuellement, elles se tassent
Nous pensons toujours que la dynamique de croissance actuelle de l’économie chinoise ne permet pas pour 2024 d’atteindre les 5% voulus par les autorités sans un plan de relance plus marqué. Celui-ci ne semble toujours pas à l’ordre du jour.