Link
Fig. 1 Royaume-Uni: le marché de l’emploi ralentit plus nettement à l’approche de l’été
Encore plus qu’aux Etats-Unis, le marché de l’emploi britannique montre des signes de dégradation à l’approche de l’été, sans que cela ne permette encore une baisse des tensions salariales.
Le taux de chômage a rebondi en mai, passant de 3,8% à 4%. Cela reste un niveau limité mais représente une hausse de 0,5pt par rapport au point bas de l’été dernier et il est repassé au-dessus de son niveau pré-Covid. Surtout pour juin, la hausse des demandes d’allocation chômage a repris et l’emploi salarié baisse selon l’estimation préliminaire pour la première fois depuis début 2021. Cela suggère un ralentissement assez net du marché d’emploi.
Fig. 2 Royaume-Uni: Cela permet une détente des déséquilibres sur le marché de l’emploi mais toujours pas de ralentissement des salaires.
En ligne avec ce ralentissement, les tensions entre offre et demande d’emploi se réduisent graduellement. La hausse du chômage associée à la baisse continue des offres d’emplois depuis un an entraine une normalisation du nombre d’emplois vacants par chômeur, qui est passé de 1,1 mi-2022 à 0,76 en juin. Et si cette mesure des tensions reste au-dessus de son niveau pré-Covid, les difficultés de recrutement rapportées par les entreprises sont repassées sous leur niveau pré-Covid depuis le début de l’année. C’est encourageant car cela suggère que la demande de travail revient plus en ligne avec la force de travail disponible, ce qui est nécessaire pour permettre une détente des tensions salariales et, in fine, des prix.
Fig. 3 Royaume-Uni: les salaires accélèrent encore mi-2023, ce qui maintient la pression sur les prix des services
Mais la croissance des salaires ne ralentit toujours pas, et continue même d’accélérer. Le salaire hebdomadaire moyen hors bonus croit à 7,3% en mai, un plus haut depuis les années 1990. Le salaire mensuel médian accélère même encore en juin à plus de 9%. C’est près de deux fois plus rapide qu’avant le Covid, lorsque l’inflation était en ligne avec la cible de 2%. Difficile d’imaginer dans ce contexte que l’inflation dans les services domestiques puisse se normaliser durablement sans que les salaires ne ralentissent significativement.
Nous continuons de penser que les salaires anglais vont ralentir dans les prochains mois, mais seulement graduellement et au prix d’une politique monétaire durablement restrictive et d’une croissance durablement limitée. Et temps que ce n’est pas évident dans les données, le risque est que des taux d’intérêt encore plus élevés soient nécessaires.
Le cas anglais est différent des cas américains et de la Zone Euro : c’est un petit pays ouvert où les anticipations d’inflation sont moins bien ancrées, où les tensions sur le marché du travail et sur la productivité ont été renforcées par le Brexit, … C’est pour cela que les pressions salariales et inflationnistes ne sont pas aussi extrêmes aux Etats-Unis et en Zone Euro et qu’elles nécessiteront probablement moins de hausse de taux pour revenir sous contrôle.
Toutefois, le cas anglais montre que le risque est que les pressions salariales et inflationnistes soient plus persistantes qu’anticipées, ce qui devrait pousser la BCE et la Fed à préférer prendre le risque d’en faire trop plutôt que pas assez.
Fig. 4 Allemagne: L’enquête du Zew baisse de nouveau nettement en juillet
Du côté conjoncturel, les premières enquêtes pour juillet concernant la Zone Euro suggèrent que les perspectives économiques restent limitées au début de l’été.
La confiance des financiers allemands dans l’économie baisse de nouveau nettement en juillet après s’être stabilisée en juin d’après l’enquête ZEW. Les anticipations sur les perspectives économiques sont négatives depuis mai et reviennent à leur niveau de décembre. Si cette enquête n’est pas un très bon indicateur du niveau de croissance, c’est un bon indicateur de changement de tendance. La poursuite de sa baisse en juillet suggère donc que la conjoncture continue de s’affaiblir au début de l’été après le rebond du 2ème trimestre.
Fig. 5 France : La confiance des entreprises se replie début juillet dans l’ensemble des secteurs
L’enquête de la Banque de France auprès des entreprises confirme la baisse de la confiance fin juin-début juillet dans l’ensemble des secteurs, même si cette baisse est bien plus limitée que ne le suggèrent le PMI (tombé à un plus bas depuis plus de 2 ans en juin à 47,2). En fait, les entreprises indiquent une légère hausse de l’activité en juin, ce qui pousse la Banque de France à anticiper une croissance de 0,1% sur le deuxième trimestre après 0,2% au T1. Mais les indicateurs avancés sont moins bien orientés : les stocks restent trop élevés alors que les carnets de commandes sont repassés sous leur niveau moyen et que la trésorerie des entreprises est faible dans l’industrie comme dans les services.
Fig. 6 France : Les entreprises indiquent une normalisation des hausses de prix également dans l’ensemble des secteurs.
Il y a aussi de bonnes nouvelles dans l’enquête de la Banque de France. D’abord, les entreprises anticipent toujours que l’emploi va résister, malgré les faibles perspectives d’activité. Cela réduit le risque de récession dans les prochains mois. Et surtout, les entreprises indiquent que le rythme des hausses de prix de vente est enfin revenu à son niveau pré-Covid dans tous les secteurs, même dans le secteur des services. C’est rassurant pour les perspectives d’inflation car cela suggère que le resserrement monétaire, s’il contraint la croissance, permet bien de réduire les pressions inflationnistes en France.
Fig. 7 Etats-Unis : Les PME américaines confirment
Côté américain, l’enquête auprès des PME (NFIB) suggère que le marché du travail se rééquilibre et les pressions inflationnistes refluent, mais seulement très lentement pour l’instant. Le marché de l’emploi se détend graduellement depuis mi-2022 même s’il reste bien plus tendu qu’avant le Covid, ce qui est en ligne avec les données officielles publiées la semaine dernière. La part des entreprises augmentant les salaires est bien moins élevée qu’il y a un an mais reste plus élevée qu’avant le Covid. Concernant les prix, la part des entreprises augmentant leur prix repasse en juin sous les 30% pour la première fois depuis début 2021, mais la part des entreprises anticipant des hausses de prix dans les trois prochains mois repasse au-dessus de 30% pour la première fois depuis le début de l’année. Au total, la Fed devrait être rassurée sur le fait que la désinflation semble bien enclenchée mais elle devrait rester vigilante car les pressions inflationnistes sont encore loin d’être revenues en ligne avec sa cible.