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L’activité industrielle mondiale a perdu de sa vigueur en mars. C’est ce qui ressort des dernières enquêtes PMI. En effet, après le léger rebond que nous constations depuis l’automne et qui s’était un peu accéléré avec le redémarrage de l’économie chinoise, le mois de mars a marqué un arrêt. L’indice PMI global compilé par JP Morgan est ainsi repassé légèrement en territoire de contraction.
Fig. 1 Monde : L’activité du secteur manufacturier au niveau mondial se tasse, notamment aux Etats-Unis.
Cette perte de vitesse a été notamment marquée aux Etats-Unis, où l’indice PMI manufacturier de l’ISM a retrouvé son niveau le plus bas depuis près de deux ans. La dynamique n’est pas très prometteuse avec des nouvelles commandes qui ont aussi fléchi sur le mois. L’indice est clairement dans un territoire compatible avec une récession aux Etats-Unis.
Fig. 2 Etats-Unis : L’activité industrielle continue de perdre de la vitesse aux Etats-Unis avec l’indice ISM clairement en territoire de récession
Néanmoins, on le sait, le cycle économique actuel a été très fortement perturbé par une multiplicité de chocs et reste pour l’instant dominé par la reprise du secteur des services.
Nous aurons aujourd’hui la jauge pour le secteur des services. On verra si l’activité résiste toujours, sachant que ces derniers mois l’activité avait été très porteuses. Mais, il se pourrait que les inquiétudes sur le secteur bancaire du mois passé aient eu aussi un impact sur l’activité des services.
Quoi qu’il en soit, nous pensons toujours que nous nous dirigeons vers une récession outre Atlantique. Nous l’anticipons toujours en 2023. Mais nous considérons toujours que celle-ci devrait être modérée.
En Zone-Euro, l’activité industrielle est toujours déprimée et a perdu de la vitesse en mars selon l’indicateur PMI agrégé de la zone. L’Allemagne reste le maillon faible de la zone, même si presque partout l’activité est en territoire de contraction. L’attente d’un soutien qui viendrait du démarrage de la Chine semble encore prématurée, mais on peut penser que vers la fin de l’année, selon notre scénario, la demande chinoise pourrait s’avérer plus soutenue.
Fig. 3 Zone-Euro : Perte de vitesse de nouveau du secteur manufacturier
Dans ce cycle économique, on regarde tous vers l’inflation et l’emploi américain pour tenter d’évaluer la direction que va prendre la politique monétaire de la Fed. Ainsi, la dernière enquête sur les offres d’emploi a montré que celles-ci avaient reculé très fortement en février. Néanmoins, à 9,9 millions, elles restent historiquement élevées, avec 1,7 offres d’emplois pour chaque personne cherchant du travail.
Fig. 4 Etats-Unis : Un début d’année qui a commencé avec une baisse des taux d’intérêt qui a restimulé l’immobilier…mais ce ne devrait pas dur
On peut se demander si cette tendance à la baisse va se poursuivre ? La réponse est claire, sûrement. Néanmoins, dire à quelle vitesse les entreprises vont retirer l’excès d’offres d’emplois est bien plus difficile à déterminer.
De même, en déduire que les pressions sur le marché du travail vont s’atténuer rapidement est tout aussi difficile. En effet, de manière presque étonnante l’enquête a révélé que les personnes qui quittent volontairement leur travail pour, à priori, chercher un travail plus rémunérateur, a de nouveau augmenté en février. Un signe que le marché de l’emploi reste porteur et que des pressions salariales persistent.
Fig. 5 Etats-Unis : Le marché du travail semble rester solide avec toujours un taux élevé de personnes qui quittent volontairement leur travail.
On verra dans le rapport sur l’emploi qui va être publié ce vendredi si la dynamique des créations d’emplois qui jusqu’ici a été très forte, s’estompe un peu. Le secteur manufacturier devrait être un maillon faible. Au total, les anticipations sont de 240 000 emplois créés en mars, un chiffre toujours très fort.
Malgré la résilience de l’emploi, qui reste le plus grand protecteur de l’économie américaine, nous continuons de penser que l’activité devrait continuer de ralentir et de nous diriger vers une récession, que nous situons toujours en 2023. Certains la placent en 2024. Néanmoins, le vrai enjeu et l’ampleur de celle-ci. Notre vue d’une contraction modérée de l’activité, nous pousse toujours à avoir une vue prudente sur les marchés, donc de privilégier un positionnement qui vise à la résilience, donc la qualité et la recherche de rendement.
Evidemment, si la conjoncture venait à se dégrader bien davantage qu’anticipé, il nous faudrait une stratégie d’allocation bien plus conservatrice que celle que nous adoptons aujourd’hui.
Ce qui est certain, c’est que le message du marché obligataire reste très clair, nous aurons une récession dans l’année à venir. En déterminer l’ampleur reste le plus difficile.
Fig. 6 Etats-Unis : Probabilité de récession élevée dans le 12 mois à venir…selon le marché obligataire
Devant les potentiels risque de récession, exacerbés ces derniers jours par la hausse du prix du pétrole, le marché maintien donc des anticipations de fortes baisses des taux directeurs de la Fed. Ceci a déjà conduit à la poursuite de la baisse du dollar.
Nous pensons que si notre scénario s’avère juste, c’est-à-dire si les baisses des taux de la Fed n’ont lieu qu’en 2024, le dollar pourrait reprendre quelques couleurs. Néanmoins, nous pensons qu’à moyen terme le dollar devrait se déprécier vis-à-vis de l’euro à partir de niveaux élevés qu’il a atteint.
Fig. 7 Etats-Unis : Le dollar s’affaiblit…avec des anticipations de coupes de taux par la Fed