Politiques monétaires, taux obligataires, marchés actions :  une histoire de changement de cycles 

Décryptage marché20.10.2023
Photo de l aconférence d epresse octobre 2023 de LBP AM

A l’occasion de leur conférence de presse semestrielle, LBP AM et Tocqueville Finance ont récemment partagé leurs perspectives sur la conjoncture économique, les marchés obligataires et actions. 

L’environnement macroéconomique se caractérise par un cycle inédit. Depuis trois ans, la succession des chocs (Covid, guerre en Ukraine) a exacerbé une poussée inflationniste. La persistance de celle-ci a incité les banques centrales à durcir leurs politiques monétaires rapidement, rompant ainsi une dynamique historique de baisse des taux réels.

Les politiques monétaires restrictives devraient forcer une convergence vers une croissance faible dans la plupart des régions. « Notre scénario de croissance du PIB pour 2024 anticipe une convergence par le bas entre l’Europe et les Etats-Unis, à 0,2% » précise Sebastian Paris Horvitz, Directeur de la recherche chez LBP AM. Et la croissance chinoise maintiendrait un rythme modéré à 4,4% en 2024 en l’absence de plan de relance marqué, selon le scénario de LBP AM.

Dans ce contexte, l’inflation devrait continuer sa décrue dans les grands pays, mais de manière très graduelle et cette vitesse dépendra de la détente sur le marché du travail. « Néanmoins, les perspectives économiques restent très incertaines, d’autant qu’il faudra s’habituer à vivre avec des taux d’intérêt qui risquent de rester durablement plus élevés que par le passé » ajoute Sebastian Paris Horvitz.

Le grand retour des actifs obligataires

Alors que la Fed et la BCE semblent en avoir terminé avec le relèvement des taux directeurs – selon LBP AM les deux banques centrales pourraient même envisager une légère réduction des taux à partir du T2 2024 avec toutefois le maintien d’un plateau élevé pour longtemps – les marchés obligataires retrouvent de leur attrait. « Nous observons une forme de retour à la normale en termes d’allocation d’actifs, où la composante obligataire peut à nouveau remplir son rôle rémunérateur et d’amortisseur des chocs » analyse Guillaume Lasserre, Directeur adjoint des gestions chez LBP AM. Les primes de risque se sont reconstituées tout comme le potentiel de rémunération du risque crédit et du risque de liquidité. « Des opportunités existent sur l’ensemble des courbes de taux. Cependant, nous apprécions tout particulièrement les maturités relativement longues, notamment souveraines, dont le triplet rendement-risque-protection est de nouveau très attractif » ajoute Guillaume Lasserre. 

Dans ces conditions, la construction d’un portefeuille d’obligations détenues jusqu’à maturité a du sens. Avec des taux d’intérêt à des niveaux désormais plus consistants, la visibilité sur le rendement attendu à échéance est potentiellement intéressante. « Ce type d’approche ‘buy & hold’ favorise aussi un meilleur niveau de durabilité sur le plan de l’ISR, à condition d’utiliser des indicateurs extra-financiers intégrant bien les scénarii des trajectoires futures » complète Guillaume Lasserre.    

Marchés actions : les niveaux de valorisation offrent peu de marge à l’erreur

Sur les marchés actions, la question de la fin du cycle haussier occupe les esprits compte tenu de plusieurs sources d’incertitude. Sous la surface d’indices boursiers globalement en progression depuis le 1er janvier, il existe une polarisation extrême des performances dont le « super momentum » a joué dans les deux sens. Par ailleurs, les publications de résultats du 3e trimestre 2023 ont mal débuté et les valorisations manquent de catalyseur évident à la hausse. « Au global, les niveaux de valorisation sont plutôt dans leur moyenne haute aujourd’hui, ce qui laisse peu de marge à l’erreur. Toute déception sur les publications de résultats semble être sanctionnée par une correction boursière » affirme Michel Saugné, Directeur de la gestion chez Tocqueville Finance.

Dès lors, la sélectivité des valeurs s’impose plus que jamais. Par exemple, le thème pharmaceutique affiche aujourd’hui des propriétés intéressantes, à plus d’un titre. Le secteur présente une valorisation jugée raisonnable, non seulement en deçà de sa moyenne historique mais aussi 40% inférieure aux niveaux atteints en cas de crise économique . Et le potentiel de rendement des pharmaceutiques, proche de 4%/an, est attractif parmi les secteurs dits défensifs .

Notons par ailleurs l’engouement inédit pour de nouveaux usages des analogues de la GLP-1, une hormone intestinale utilisée dans le traitement du diabète. « En 2023, l’essor de son utilisation dans le cadre de traitements contre l’obésité fait figure de révolution pour le secteur » observe Michel Saugné, tandis que les perspectives de croissance globales de bon nombre d’acteurs sont soutenues par l’accélération de lancements de nouveaux produits, à l’horizon 2024-2025. « Cela pourrait représenter un chiffre d’affaires potentiel d’une cinquantaine de milliards USD en 2025, rien que pour les produits mis sur le marché par AstraZeneca, Bayer, Roche, Novartis et Sanofi  » indique Michel Saugné. 
« En somme, les perspectives de croissance haussière du secteur ne sont pas reflétées dans les multiples de valorisation selon nous » conclut-il.           

Avertissement : Les opinions exprimées (i) sont considérées comme fiables par LBP AM et Tocqueville Finance et fondées ou justifiées en fonction du contexte économique, financier, boursier et réglementaire et (ii) sont fournies uniquement à titre d’information. 

[1] Source : Datastream, BofA Global Research
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 Source : Datastream, BofA Global Research
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 Source : BofA Global Research

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