COP 30 : quels enseignements tirer de la conférence de Belém ?

ISR05.12.2025

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La COP 30, qui s’est tenue en novembre dernier à Belém, était particulièrement attendue. Dix ans après l’Accord de Paris, cette conférence devait marquer un tournant : celui de la mise en œuvre concrète des engagements climatiques pris ces dernières années. Mais qu’en est-il réellement ? Julien Girault, analyste ISR et expert transition énergétique et climat chez LBP AM, nous livre son analyse.

Présentée comme la « COP des actes », la conférence a été marquée par des débats animés et des polémiques. Si un accord a bien été signé par l’ensemble des parties, les avis restent partagés. Certains dénoncent un manque d’ambition, notamment sur la sortie des énergies fossiles. D’autres saluent l’accord en tant que tel, malgré ses limites.
De notre point de vue, la réalité plus nuancée. Certes, la référence timide au « Consensus de Dubaï »* laisse un goût d’inachevé. Mais tout n’est pas à jeter : plusieurs avancées méritent d’être soulignées.

Objectifs de décarbonation : des progrès, mais insuffisants

Plus de 120 pays ont mis à jour leurs objectifs climatiques, et la Chine a publié pour la première fois ses propres engagements. Résultat : 80 % des émissions mondiales sont désormais couvertes. Une avancée notable, mais insuffisante : la trajectoire actuelle nous mène vers une hausse des températures de +2,3 °C d’ici 2100, loin du seuil critique de 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris.

Financements climatiques : un signal fort pour les pays du Sud

L’un des enjeux majeurs de Belém était la mise en place d’une feuille de route pour le financement climatique. L’accord propose de tripler les fonds dédiés à l’adaptation des pays émergents, avec un objectif de 120 milliards de dollars par an d’ici 2035. Une avancée importante, même si des zones d’ombre subsistent.

Marché carbone : entre critiques et nouvelles alliances

Le mécanisme européen de tarification carbone, qui imposera un prix aux importateurs dès le 1er janvier prochain, a suscité de vives critiques à Belém. Plusieurs pays y voient une forme de protectionnisme déguisé.
En parallèle, une nouvelle coalition internationale a été annoncée pour renforcer la coopération sur les marchés carbone. Une initiative saluée par ceux qui considèrent la tarification et les crédits volontaires comme des leviers essentiels pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

Et après ? Cap sur la COP 31 à Antalya

D’autres sujets, tels que la protection des forêts tropicales, la transition juste ou les marchés carbone, ont connu des avancées significatives. Ils devraient rester au cœur des discussions lors de la prochaine COP, prévue à Antalya.

*Consensus de Dubaï : nom donné à la décision prise officiellement par les États-parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCUNCC) de sortir des énergies fossiles (Loïzzo, 2023). Elle est la principale avancée de la COP28 qui s'est tenue à Dubaï, aux Émirats arabes unis, en 2023.

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