L’océan : une ressource critique pour notre planète

ISR10.07.2025
photo de biodiversité marine

Les océans jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique et dans le système alimentaire mondial. Leur connaissance est cruciale pour anticiper l’avenir et  leur préservation critique pour assurer un avenir vivable à l’humanité.

Couvrant près de 75 % de la planète, l'océan constitue une ressource vitale. Il joue un rôle central dans la régulation du climat, absorbant 25 % des émissions de carbone et 95 % de la chaleur générée par les gaz à effet de serre, et produisant 50 % de l’oxygène généré par les organismes vivants. Il abrite une biodiversité exceptionnelle, qui représente une ressource économique majeure, plus de trois milliards de personnes dépendant aujourd’hui de la biodiversité marine et côtière.

Cependant, l’empreinte humaine sur les océans constitue une menace croissante : pollution plastique, rejets d’eaux usées, usage de pesticides, hydrocarbures, surpêche, trafic maritime, et réchauffement sont des exemples d’activités qui perturbent les équilibres des services écosystémiques fournit par l’océan1.

La préservation devient donc un enjeu majeur, reconnue dans l’objectif de développement durable 14 (ODD14) définissant des cibles pour d’ici 2030  « Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable »2 .  Une mobilisation internationale émerge afin de déployer les mesures permettant d’atteindre ces cibles. Elle reste cependant confrontée, comme d’autres « biens communs », à la difficile interface entre l’action nationale, régionale et internationale, et ce en particulier dans un contexte d’affaiblissement des mécanismes de gouvernance internationale. 

ODD14_vie aquatique

UNOC 3 : une conférence multipartite porteuse d’espoir

La troisième Conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC 3), qui s’est tenue à Nice en juin 2025, a été une occasion importante pour redéfinir les priorités d’action pour soutenir la mise en œuvre de l’ODD 14.
 
En réunissant un large éventail d’acteurs – gouvernements, scientifiques, ONG, acteurs financiers – les discussions ont mis en lumière la nécessité de coalitions multipartites de grande ampleur pour relever les défis liés à la préservation des océans3, en soulignant l’importance de fonder toute décision sur des bases scientifiques solides. La promotion d’une économie bleue pour conserver, restaurer et utiliser durablement l’océan - via notamment le recours à des instruments de financement divers 4- ainsi que le rôle central des acteurs publics pour réduire les risques et attirer les investissements privés, ont été des sujets centraux des échanges. 


Parmi les secteurs identifiés comme prioritaires pour le passage à l’action, et qui ont animé les discussions multiparties, figurent : le transport maritime, la pêche, l’aquaculture, les énergies renouvelables offshore, ainsi que les activités terrestres fortement liées à l’océan. On estime que dans ces secteurs, 8 500 milliards de dollars d’actifs sont exposés à un risque de perte de valeur et de revenu au cours des 15 prochaines années5.

Dans ce cadre, plusieurs appels ont été lancés pour : la ratification des accords clés de lutte contre la pêche illégale, le soutien à l’atteinte de la neutralité carbone du secteur des transports maritime d’ici 2050, ou encore « l’appel de Nice » visant à l’élimination de la pollution plastique d’ici 2040.


Enfin, concernant l’activité d’’extraction sous-marine de ressources naturelles, les États ont réaffirmé le rôle central de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), dans l’encadrement des activités liées aux ressources minérales dans les zones situées au-delà des juridictions nationales et directives internationales6. En effet, l’AIFM est la seule instance compétente dans cette Zone, reconnue comme patrimoine commun de l’humanité, garante de la protection de la biodiversité et des écosystèmes marins.

Les politiques marines européennes
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La directive cadre de l’Union européenne « Stratégie pour le milieu marin » a été pensé pour protéger l’écosystème et la biodiversité marine - en lien avec l'ODD 14 ainsi qu’aux objectifs du GBF de Kunming-Montréal. Elle demande aux états membres d’atteindre et maintenir un bon état écologique (BEE) du milieu marin, et contribue à la réalisation des cibles fixés dans les principales politiques environnementales au niveau européen.

Le périmètre de la directive porte sur les eaux marines européennes, définies comme les eaux situées au-delà des eaux territoriales et s'étendant jusqu'aux confins de la zone économique exclusive placée sous la souveraineté ou la juridiction des États membres (extension de 200 miles marines de la ligne de base des eaux intérieures), y compris le fond et le sous-sol des eaux.
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Elle est complémentaire à d’autres directives européennes qui régulent les zones maritimes côtières, entres autres : la directive-cadre sur l’eau pour les eaux côtières et de transition ; la directive Habitats et Oiseaux pour la conservation de la biodiversité ; la politique commune de la pêche pour la gestion durable des ressources halieutiques ; les conventions régionales pour la coopération transfrontalière7.

Ainsi, la Conférence a permis notamment de lancer de nombreux engagements multilatéraux, entres autres8:

  • Plusieurs Etats ont déposé leurs instruments de ratification du traité sur la haute mer « BBNJ »9 (Biodiversity Beyond National Jurisdiction), qui devrait rentrer en vigueur au plus tard en janvier 2026, avec plus de 60 pays signataires. Cet accord adresse des sujets divers comme le partage des ressources génétiques marines, l’évaluation d’impacts environnementaux des activités humaines sur la biodiversité marine, ainsi que la création d’aires Marines Protégées (AMP) pour la préservation des écosystèmes vulnérables, ce qui contribue notamment à l’objectif 3 du Cadre mondial pour la biodiversité (GBF), visant à protéger 30 % des océans d’ici 203010.  Dans ce contexte, plusieurs pays ont déclaré des nouvelles AMP, dont la première AMP transnationale en haute mer, annoncée par le Costa Rica conjointement avec l’Equateur et la Colombie.
  • 37 pays ont désormais imposé un moratoire à l’exploitation minière des fonds marins, en rappelant la nécessité d’approfondir les connaissances scientifiques des écosystèmes en haute mer avant leur exploitation.
  • Le premier Pacte européen pour l’Océan11  a été présenté par l’UE, qui s’est engagée à hauteur d’un milliard d’euros notamment pour des actions de restauration de l’Océan en soutenant les efforts des pays membres pour la restauration des habitats côtiers dégradés ; de développement d’une économie bleue via une stratégie d’insertion des professionnels aux domaines de la recherche marine, technologies océaniques et pêche durable ; de soutien aux communautés côtières et insulaires, entres autres.

Les actions du groupe LBP AM

Dans cette dynamique de protection des océans, le groupe LBP AM s’engage activement en tant qu’investisseur responsable, à travers plusieurs leviers : évaluation des enjeux, dialogue actionnarial, et intégration dans la sélection des investissements notamment via des exclusions sectorielles et investissements thématiques.

 Analyser :


Le groupe LBP AM intègre la gestion durable des ressources, notamment les enjeux liés à la pollution et à l’eau, dans son système de notation propriétaire de durabilité, GREaT.

Par ailleurs, LBP AM a développé un score propriétaire sur la biodiversité, nommé BIRD, qui évalue la trajectoire de transition des entreprises vers des modèles plus durables. Ce score intègre notamment la politique de gestion de l’eau et la pression exercée sur les écosystèmes aquatiques via une mesure d’empreinte biodiversité.

 Engager : 


Le groupe LBP AM a mis en place des engagements thématiques ciblés auprès des entreprises les plus exposées aux risques liés à l’océan : aquaculture, traitement des eaux, usage de pesticides, production ou utilisation de plastique. Pour renforcer son action, LBP AM participe à des initiatives internationales telles que CERES, FAIRR ou ShareAction, et a mené 16 engagements en 2024 sur ces thématiques.

​​​​​​​ Sélectionner : 


Certaines activités étant particulièrement néfastes pour la nature, LBP AM applique des politiques d’exclusion thématiques. Sous le prisme de la lutte contre la pollution des eaux et des sols, depuis 2024, elle exclut les entreprises dont plus de 20 % du chiffre d’affaires provient de la fabrication ou de la vente de pesticides. En cohérence avec les engagements pris lors de l’UNOC 3, LBP AM a récemment intégré l’exploitation minière en eaux profondes à sa politique exclusion12.

Enfin, LBP AM identifie également des opportunités d’investissement dans des solutions innovantes à impact positif sur le capital naturel. Ces investissements sont intégrés dans la poche « solutions » de ses fonds thématiques biodiversité13 avec l’objectif de soutenir des entreprises porteuses de progrès et de résilience à long terme.

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 1- Services d’approvisionnement (pêche, pharmaceutique, construction), services de soutien (maintien du cycle de vie, biodiversité), services de régulation (puit de carbone), services culturels (tourisme).
 2- ODD 14 
 3- A ce regard, lors de l’Ocean Congress qui a précédé l’UNOC 3, plusieurs initiatives internationales et intergouvernementales ont été lancée, afin d’accompagner les Pays dans la mise en œuvre d’actions en faveur de l’océan et l’amélioration des prévisions de l’état des océans via la collecte de nouvelles données.
4- Our ocean, our future: united for urgent action 
5-  WWF, Navigating Ocean Risks, 2021
6- Voir encadré ci-dessous
7- EU and global marine policies | WISE Marine
8- Les Engagements de Nice pour l’Océan 
9-   BBNJ Agreement | Agreement on Marine Biological Diversity of Areas beyond National Jurisdiction
10- Actuellement les AMP couvrent moins de 10 % des océans à l’échelle mondiale.
11- La Commission adopte le pacte pour l’Océan, doté d’une enveloppe d’un milliard d’euros, afin de protéger la vie marine et de renforcer l’économie bleue - Commission européenne
 12- Plus de détails dans la politique biodiversité LBP AM
 13-  TOCQUEVILLE BIODIVERSITY ISR, Echiquier Climate & Biodiversity Impact Europe A - LFDE - La Financière de l'Echiquier



Simona Rizzuto

Simona RIZZUTO
Analyste ISR Biodiversité

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