La prise en compte des droits humains dans le secteur de la gestion d’actifs : l’exemple de LBP AM 

ISR 08.12.2023
Photo de Camille Bisconte de Saint Julien

Analyste ISR Social, Camille Bisconte de Saint Julien a répondu aux questions de l’Info Durable (ID) sur la politique des droits humains de LBP AM et Tocqueville Finance. L’occasion pour elle de partager notre stratégie d’investissement ainsi les enjeux en la matière pour les émetteurs comme les investisseurs. 

« La notion de droits humains englobe l’ensemble des droits inaliénables universellement reconnus à toutes personnes, quelles que soient leurs caractéristiques personnelles. », explique Camille Bisconte de Saint Julien. Aujourd’hui, les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et les droits de l'homme, adoptés en 2021, proposent un standard international de référence. On attend donc de la part des entreprises qu'elles formalisent leurs engagements pour les droits humains de manière claire et transparente, qu’elles identifient et évaluent les risques liés aux droits humains auxquels elles pourraient être confrontées et qu'elles mettent en place mesures de prévention, d'atténuation et de remédiation. 

“Notre démarche repose sur l’engagement actionnarial avec les entreprises”

En tant que société de gestion d’actifs, comment abordez-vous cette question des droits humains ?

Nous venons de finaliser notre politique sur les droits humains, qui matérialise notre volonté de mettre en œuvre une diligence raisonnable sur ce sujet. En tant qu'investisseurs, notre impact est principalement lié aux activités des entreprises dans lesquelles nous investissons.  

Nous avons élaboré une cartographie des risques par secteur qui nous permet d'évaluer deux aspects : les secteurs à risque nécessitant une attention particulière, et les thématiques saillantes en matière de droits humains au sein de chaque secteur. Nous sommes aussi très attentifs aux risques liés aux pays où opèrent ces entreprises, certaines zones nécessitant une vigilance accrue. 

Sur le volet « atténuation et prévention », nous disposons de plusieurs leviers. Notre modèle propriétaire d’analyse extra-financière  GREaT  ̶  pour Gouvernance, Ressources, Environnement et Territoires  ̶  traite particulièrement de l'enjeu des droits humains à travers les piliers « Territoires » et « Ressources ». Par exemple, le premier aborde les pratiques responsables avec les fournisseurs et dans les chaînes d’approvisionnement, tandis que le second contient des critères liés aux droits fondamentaux des employés. 

Un autre pilier clef de notre démarche repose sur l’engagement actionnarial avec les entreprises, afin de les inciter à renforcer leurs pratiques en matière de droits humains ou à remédier aux potentiels impacts négatifs qu’elles auraient pu causer ou auxquels elles auraient pu contribuer. Cela passe nécessairement par un dialogue sain, qui peut avoir lieu en cas de risques graves d’impact sur les droits humains ou de controverse majeure, ou bien parce que l’entreprise appartient à un secteur identifié comme particulièrement à risque. Ou encore en cas d’écart constaté entre les pratiques et la transparence de l’entreprise, et les risques auxquels elle peut être confrontée. 

L’exclusion est-elle aussi un levier ? 

Absolument. Dans le cadre de notre politique d'exclusion normative, nous pouvons exclure tout émetteur pour lequel il existe un risque inacceptable qu’il cause ou contribue à des violations particulièrement graves des droits humains. Il y a deux possibilités pour identifier ce risque : quantitativement, avec des données relatives aux controverses, ou qualitativement, avec des analystes qui mènent une veille continue sur les enjeux liés aux droits humains. La décision finale doit viser, dans la mesure du possible, à réduire et atténuer les risques de violations futures des normes. Aussi, lorsque nous décidons de l'exclusion, cela signifie que nous considérons avoir épuisé toutes les options pour réduire cet impact.

Pouvez-vous nous présenter la SICAV LBPAM SRI Human Rights, construite en partenariat avec la Fédération internationale des droits humains (FIDH) ? 

Il s’agit d’un fonds diversifié investi en obligations d'entreprises et d'États, ainsi qu’en actions. L’approche d’investissement a pour objectif de promouvoir le respect des normes internationalement reconnues en matière de droits humains et la mise en œuvre d’une diligence raisonnable robuste par les entreprises. Cette stratégie repose sur une analyse réalisée conjointement avec la FIDH, qui vise à sélectionner les entreprises et Etats présentant les meilleures pratiques en matière de droits humains. 


Retrouvez l’intégralité de cette interview sur le site de l’Info Durable 

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