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L’élection de D. Trump à la présidence des États-Unis a ouvert la porte à de nombreuses incertitudes. Celles-ci proviennent de ses propositions de campagne qui contiennent, en particulier, des visées protectionnistes. Nous considérons dans notre scénario qu’il faut prendre ces propositions au sérieux, mais pas à la lettre, en intégrant une mise en œuvre « raisonnable » de ces politiques. Ceci limiterait les impacts très négatifs sur l’économie américaine et mondiale.
Aujourd’hui, l’économie mondiale continue son expansion à un rythme correct mais avec de fortes disparités géographiques. Les États-Unis conservent leur exceptionnalisme, avec une croissance solide, ce qui devrait perdurer à court terme avant de s’estomper au cours de l'année 2025. En revanche, la croissance de la zone euro reste fragile et devrait se reprendre seulement graduellement plus tard dans l’année. En Chine, un sursaut limité s'est matérialisé au tournant de l’année grâce à des mesures de relance, mais qui restent timides et temporaires.
Sur les derniers mois, l’inflation a en général continué à décélérer, mais cette dynamique est moins marquée, notamment aux États-Unis où l’inflation cœur reste bien au-dessus de la cible. En zone euro, nous nous attendons à une poursuite de cette désinflation, après encore quelques mois encore affectés par des effets de base négatifs sur les prix de l’énergie.
La Fed, après avoir déjà baissé de 100 points de base (pb) ses taux directeurs, devrait marquer une pause dans les prochains mois en attendant une reprise de la désinflation avant d'envisager de nouvelles baisses de taux plus tard dans l’année. Les taux directeurs devraient atterrir en 2025 un peu plus haut que ce que nous envisagions précédemment (un peu en dessous de 4%). En revanche, la BCE devrait poursuivre ses baisses lors des prochaines réunions et ramener son taux vers 2% d’ici le milieu de l’année.
Le relâchement des politiques monétaires et le maintien d’une croissance correcte devraient être porteurs pour la prise de risque. Néanmoins, nous considérons que beaucoup de bonnes nouvelles ont déjà été intégrées dans les prix à la fin de l’année dernière et que de nombreuses incertitudes planent encore à court terme (les débuts de la nouvelle administration Trump, les incertitudes sur les politiques budgétaires en Europe, l’ajustement du discours de la Fed…)
Ceci appelle à une bonne diversification dans les portefeuilles et à une certaine prudence en début d’année, tout en restant constructifs sur les perspectives des marchés à moyen terme.
Nous pensons que la hausse récente des taux rend à nouveau les obligations souveraines attractives, même si les maturités longues pourraient encore souffrir des émissions de dette massive des États dans les prochaines semaines. Nous restons exposés aux obligations d’entreprises européennes mais réduisons un peu les risques de façon tactique.
Sur les actions, nous maintenons une préférence pour les actions américaines à très court terme, vu la solidité de la croissance et les politiques pro-business annoncées par D. Trump. En même temps, vu les valorisations, nous pensons qu'avoir une exposition neutre sur l’Europe a du sens et qu’une surexposition pourrait être justifiée dans les prochains mois.
Nous sommes globalement raisonnablement constructifs pour les marchés en 2025, en privilégiant les actifs risqués malgré un potentiel d’appréciation plus limité après deux années très positives, et en adoptant une stratégie tactique sur les obligations. Cela dit, le fort rallye de fin 2024 et les incertitudes encore élevées nous poussent à un peu plus de prudence en début d’année.
Nous sommes globalement neutres sur les actions car, même si notre scénario économique est plutôt favorable (croissance stable et assouplissement monétaire), les attentes de bénéfices pour 2025 sont élevées et les valorisations exigeantes. Nous maintenons pour l’instant un biais tactique positif sur les actions américaines vu la persistance de l'exceptionnalisme américain sur le plan économique et politique.
Sur les obligations, la tension sur les rendements au tournant de l’année les rend plus attractives à moyen terme, surtout en Europe où la toile de fond macro plaide pour des taux plus bas qu’aux États-Unis. Cela dit, nous préférons à court terme les maturités courtes et intermédiaires en raison des émissions de dette très élevées en début d’année et de la volatilité lors des débuts de la nouvelle administration américaine.